16-12-2024 : catégorie
des bawis sur Pierres de Soleil

Un vent de rage se lève contre les empilages de pierres ici ou là.

Là on fustige la destruction du site naturel voire du paysage, et ici on pointe du doigt les risques pour la biodiversité… Mes bawis dérangent donc la nature.


des bawis sur Pierres de Soleil
des bawis sur Pierres de Soleil
des bawis sur Pierres de Soleil
des bawis sur Pierres de Soleil
des bawis sur Pierres de Soleil

Un jour d’été avec mon ami Yves, éleveur lui-même de pierres sous forme de piereqs comme il se plaît à les appeler, nous avions fait une rando depuis Le Garn jusqu’à l’Ardèche (rive droite). Nous étions là au milieu d'une foule en gilet de sauvetage, sur la rive d'une étroiture de la rivière (pas très loin du refuge de Gournier qui se trouve rive gauche). Nous étions à nos œuvres lorsqu’un nième groupe de kayakistes passa près de nous. Le dernier aventurier, sans doute, un encadrant, nous apostropha non sans un certain culot :

« Arrêtez de détruire la nature, laissez-là comme elle est ! »

Ah bon !!! Vous êtes, quoi, le 200e à passer à côté de nous, et le premier à nous remarquer. Vous semblez vous prévaloir d’une certaine autorité et vous vous baladez là, avec une dizaine de personnes, à raclez les cailloux avec vos embarcations de plastique, et NOUS détruisons la nature !!! C’est le monde à l’envers*. Yves et moi, nous n’avions même pas de pique-nique donc aucun emballage susceptible d’être oublié inconsciemment !

Oui, c’est vrai, on chamboule un biotope avec amour et pondération… en déplaçant des cailloux.

Dans un précédent billet je me suis déjà exprimé sur le sujet, je ne vais pas reprendre mais j’ai des arguments supplémentaires à force d’observation de ma propre activité en nature quand je marche et que des VTT passent (aimablement) à côté de moi qui défoncent les terrains pour le plaisir de l’obstacle, de la boue ou dieu sait quoi d'autres comme le plaisir tout simple par exemple.

Vous n'aurez pas été sans remarquer un jour ou l'autre en pensant à l'éthique du randonneur que le moindre pas dans la nature est passible de crime… mais bon, on reste sur les chemins en principe, chemin où ne circulent aucune fourmi déménageant, aucune chenille en procession et aucun autre lézard ou serpent fuyant, voire jamais aucun azuré en train de boire, etc., et vous, vous regardez toujours où vous allez poser les pieds (et en plus vous avez une vue d'aigle).

Bin voyons !!!

Commençons par l'agrochimie : là c'est un permis de polluer... bon ok (je contribue au minimum).

Combien d'insectes pollinisateurs meurent ou sont perturbés (par les néonicotinoïdes et autres phytosanitaires qui sont aussi toxiques pour les humains) pour que les supermarchés soient alimentés en produits qu'on risque même de voir jeter ?

Je n'évoquerai pas la densité en augmentation du brouillard électromagnétique largement plébiscité par les états, les industriels et les consommateurs... qui pèse (invisiblement) sur tous les êtres de la nature.

Dois- je aussi évoquer les plastiques ?

Et les chasseurs (éminents défenseurs de la nature s'il peut en être sous cette forme) : ils roulent sur une voie forestière à toute blinde pour regagner un poste vers lequel ce fichu sanglier a choisi d’aller. Et quand ils ratent leur cible (ouf) vont-ils toujours ramasser leurs ordures ? (J'avais des preuves de pique-nique, mais j'ai trop de photos dans mon disque dur, et malheureusement toutes ne sont pas taguées.)

Et la construction du parking payant : il évite le parking sauvage hautement destructeur dans un espace déjà détruit et limité mais n’est-il pas tout aussi destructeur sur un espace plus conséquent que nécessaire pour un seul mois par an d'abondance (14/07 &harr: 15/08) ?

Alors oui, c’est vrai, nous les équilibreurs de pierres, on doit bien tuer parfois sans intention de donner la mort, et perturber des racines (qui en général s’en contrefichent), écraser des herbes, faire de l’ombre où il n’y en avait pas 10 minutes avant, etc..

Mais c’est notre art m'sieur l’agent auto-proclamé ou m'sieurs-dames des règlements communaux, il est plus méditatif qu’expansif, et tout en nous (comme je pense chez 99,9 % des stones-balancers) est tourné vers le respect, la beauté, et l’amour de la nature. Alors fichez-nous la paix ! Bien sûr certains touristes nous imitent de façons plus ou moins responsables mais ils font une expérience qui leur permettra, s’ils y adhèrent, de s’épanouir et ainsi de soulager ce monde en l’embellissant éphémèrement, en le faisant pétiller ici ou là. Et ils gagneront tellement en approche de la nature...



NOTE

* Monde à l’envers. Ça me rappelle ce monsieur avec son fils qui suivaient de loin mon groupe de jeunes parfaitement équipés que j’initiais à la haute montagne : il n’a pas été content que je lui demande de ne pas nous suivre (car cela devenait scabreux) et de rejoindre le chemin alors que nous avions déjà parcouru 300 m sur un névé relativement pentu. Son fils était en basket... et lui n’avait qu’un bâton fragile pour seconder ses grolles de montagne. Il me répondit durement : « Bin vous y allez bien vous ? » Il n’avait pas vu sans doute les piolets et les chaussures adaptées… ni sans doute la pente qui se redressait ni la neige encore dure du matin. Et avait-il même de l’eau dans son sac ? Avait-il de quoi parer à une intempérie ? Nous, nous avions tout ça...

Une autre fois, c'est carrément un groupe de scouts non encadrés et mal équipés à qui j'ai dû demander s'ils savaient où ils allaient... Ils m'ont répondu qu'ils me suivaient... Bon, maintenant il n'y a plus de neige dans ces pentes à partir de la mi-juin... mais d'autres dangers peuvent se présenter.


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