Voilà une question embarassante... mais bon, c'est le titre de la page alors il faut bien que je réponde un peu.
Je pense vous dire en quelques lignes davantage ce que je suis que plutôt qui je suis car finalement cette voie n'intéresse que moi, voire mes proches, voire mes un peu moins proches... mais plus loin, cela ne regarde personne et, vous, vous en saurez un peu plus sur votre serviteur.
Patrick Roussel est né à la fin des années 1950. Pas très scolaire (ennui ou désintérêt je ne sais pas, je ne vois pas la proportion entre les deux) je me suis lancé dans des études d'ingénieurs en technologie et fabrication mécanique (pourquoi ?...) puisque comme me disait encore ma mère (95 ans) hier vendredi "tu avais des facilités"... À Tarbes, à l'école nationale d'ingénieurs d'alors j'ai eu des professeurs : génial en maths et désespérants en résistance des matériaux et en chimie. C'était mieux en physique, un peu trop sûr de soi en TP. Le reste m'échappe, désolé pour eux mais je me souviens quand même bien d'une secrétaire, Dominique O., bref...
À cette époque, en plus d'apprendre beaucoup de choses extrêmement passionnantes, je le pesne encore, j'ai surtout changé mon lien à la nature ! C'est ahurissant, non ? J'ai pris conscience qu'à côté de la matière existait la vie, et ce ne sont pas mes études qui m'ont tiré de ce côté-là. J'ai rencontré l'amour, les gens, en pratiquant beaucoup (trop) la montagne. Je me souviens encore de ma session de rattrapage pour la rentrée en 4e année (la 3e avait été trop dilletante — une fois en ski de rando j'ai croisé mon prof. de dessin technique mais cette fois-là c'était le prof. de physique qui m'interviewait)... Je me suis dit, en face de mon interrogateur sur une question ultime, qu'en fait je ne savais pas penser&nsp;!Je n'avais la réponse toute faite à sa question mais je savais que j'aurai pu la deviner à coup sûr. Et donc, blanc, j'ai répondu au hasard, mal, mais peut-être pour mon bien. Conséquence : Au revoir Monsieur...
Ensuite, l'armée : appelé à Brest !!! Quelles sont vos passions ? Le ski, l'escalade, la rando en solitaire, loin des bruits de la ville et ses puanteurs, etc., etc.. L'air marin pourrait me plaire, j'ai fait un peu de voile et c'était chouette, mais je ne peux pas dire que je connais la mer. À aucun moment je ne me suis fichu des gens en face de moi, mais le pompom (amusant pour la circonstance) a été avec le psychiatre. Un jeune, pas bien solide je pense, pas plus que moi peut-être. Il m'a posé des questions sur ma famille, mes relations, etc.. J'ai parlé de mon père qui à ce moment était en dépression mélancolique profonde et tout ce que cela impliquait pour sa vie, dans son quotidien...
Sa conclusion m'a surpris, elle m'a presque choqué mais satisfait : Lui, "Je vous libère, vous partez.", moi "quand ?", lui, "tout de suite", moi "j'ai le temps de manger ?", lui "Non"...
C'est le costumier (enfin, je ne sais pas comment on appelait celui qui m'avait fait coudre toutes les étiquettes à mon nom dans chacun des vêtements quotidiens et cérémoniaux). C'était lui qui devait les découdre... le (dernier) pompom !
J'ai essayé de travailler dans l'industrie : pas doué et surtout pas intéressé. Ma mère a eu une collègue qui lui a dit "tiens, j'ai lu une annonce d'un sport-étude qui cherche un prof de math à Tignes, ça pourrait intéresser ton fils, non ?". Que oui, j'ai sauté dans ma super 2CV de 1961 pour prendre d'assaut les montagnes de Savoie, presque sous l'autorité de "la Grande Casse" en limite de la Vanoise dont je connaissais déjà d'autres secteurs.
Bon je passe sur ma déception quand ma directrice en larmes m'a annoncé que "Paris" avait décidé de fermer !... Je trouvais aussitôt un poste dans un établissement privé à Saint Denis (93). Tournage et fraisage pour des premières et des CAP en cours de formation. Bus, RER, métro ou voiture certains jours (toujours la 2CV), et puis Fontainebleau certains WE.
Ambiance pas folichonne, pas désagréable non plus, j'hésite quant à la poursuite de ce travail. Il ne me déplaît pas mais quelque chose me manque. Je redébute mais sans enthousiasme...
Même topo que tout à l'heure, ma mère a une collègue... qui lui parle d'une formation pédagogique à Chatou pour la pédagogie Waldorf. J'abandonne Saint Denis pour de nombreuses et très belles années, enrichissantes, enthousiasmantes, dynamisante et en plus à Genève... Je n'aurai plus le temps de faire de la montagne : prof., rapidement à 120%, et jeune papa deux fois de suite.
Des années de bonheur au boulot, je souhaite ça à tout le monde.
Ces années vont englober une séparation, un second mariage, deux autres enfants, une expérience de commerce (café sans alcool autour de 2000 à Annecy, vieille ville) puis marchés à la roulotte à travers la Haute Savoie et rénovation d'un corps de ferme datant de la Révolution.
Oui, j'ai fait une grosse pose de 5 années par rapport à l'école où j'étais si bien et où ma dernière fille va déjà au jardin d'enfants.
Quand une période s'étire, et, pire, quand on en saute une partie, le monde change, les gens changent, la structure change, le monde lui-même a changé, moi aussi... je me sens de plus en plus mal à l'aise car je ne reconnais plus l'école où je me suis pourtant senti à nouveau accueilli comme une force vive...
Quatre années me permettent à nouveau des expériences incroyables avec les sciences, la mécanique en TP, le travail artistique du bois et surtout le théâtre où je mène plusieurs projets d'envergure. Malgré cela, 2009 va mal se terminer quand pendant quelques temps je m'implique de moins en moins car je suis en porte-à-faux avec l'équipe des enseignants question orientation d'école principalement. Je demande à baisser mon temps vers du partiel mais mon malaise était perceptible. On m'a proposé du soutien, de la formation, j'ai tout refusé à cause de divergences avec différentes personnalités du staff dont je prenais petit à petit trop de distance, et aussi d'une action pédagogique qui voyait fondre sa motivation aussi vite que les glaciers pas très loin.
Entre temps, pendant ma pose de cinq ans, j'avais rencontré André Faussurier suite à une discussion avec un inconnu pour moi mais qui était de ses amis de très longue date. J'ai ainsi pu rencontrer un petit bonhomme (ancien montagnard qui plus est) qui avait passé sa vie dans la recherche, était à la retraire mais toujours dans la recherche, et ne savait pas ce qu'allaient devenir ses travaux en cours. Sa vie était émaillée de points d'interrogation scientifiques, il parlait toujours de phénomènes atypiques. Incroyable : trouver encore des questions à résoudre, et qui plus est dans une certaine nudité, c'est-à-dire sans mettre des loupes trop grosses entre le chercheur et son point d'interrogation, juste une pair de lunettes... J'étais loin, un an avant, d'imaginer me retrouver face à des points d'interrogation car j'avais tendance à penser, non, à croire qu'on avait soulevé tous les voiles et qu'il n'y avait plus qu'à peaufiner certains détails.
Le "capteur sensible" : c'est lui, c'est André Faussurier !
Mon futur s'est alors redessiné à vitesse grand V pour quitter l'école. À 5 personnes motivées et actives en recherche fondamentale nous créons l'association scIence, centrée sur l'Humain, prometteuse. On est déjà en 2010... nous partons en recherche... de fonds, sans avoir vu qu'on se trouvait dans la suite des errements financiers de 2008 et dans le grand boum pour tout ce qui touche à l'écologie, véritable aspirateur à finance pour dessiner un monde nouveau. Nous étions dans le mouvement, nous disions-nous, mais pas un poil vendeur de notre travail... et nous n'avons pas trouvé d'intérêt pour notre petit labo où qu'on comprend même pas qu'est-ce que c'esty qui font.
Je me lance dans une formation d'écologue (non diplômante) pour avoir une carte de visite, sans vraiment avoir pris le temps d'étudier la boite qui proposait la formation choisie. Une catastrophe : des cours d'écologie où j'expliquais à mon mentor où le monde était arrivé, où je corrigeais des erreurs dans les fascicules, où je critiquais les qcm sans possibilité de bonne réponse. Bref, je la joue douce amère. J'ai eu une très bonne moyenne : je suis écologue certifié !
Je vous ai croqué un tour de ce que j'ai fait. Je ne sais toujours pas qui je suis... si ce n'est que je bouillonne de trop de choses pour des journées de 24 heures alors que je suis en retraite de la Suisse et que j'attends celle de la France, travaillant d'arrache-pieds avec mon épouse à faire vivre un petit paradis, étant toujours en observation du vivant, poursuivant des expériences sur le coin de mon bureau où je trouve sans arrêt de nouvelles motivations pour écrire, communiquer en vue d'un monde reconstruit sous un nouveau paradygme...